vendredi 29 novembre 2013

Pardon ? Qu'écrivez-vous ? Ah, de la fantasy. Oh, du fantastique. Et ça se vend ces trucs-là ? *regard perplexe* (2)

Pour faire suite à mon article sur les genres de la SFFF que vous trouverez ici, revenons à ces fameux postulats.

Partons des postulats suivants.

Postulat 1 : la littérature SFFF n'est pas de la littérature.

Bah voyons. Je connais beaucoup d'auteurs SFFF. Des très connus, des connus, des moins connus, des pas connus du tout qui gagnent à le devenir. Tous écrivent avec application, abnégation, passion, vie, joie et souffrance.

Tous connaissent les Bescherelle, dictionnaires et autres petits trucs pour bien écrire. Ils les utilisent. 
A partir de quand se permet-on de juger ce qui est ou non de la littérature ? 

Définition, svp.

Le Larousse nous dit ceci : "Ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique."

Ah, donc les auteurs dont j'ai cités le nom ci-dessus n'écrivent pas d’œuvres à finalité esthétique ? Et quoi encore ? Ceux-là même qui ont publié tant d'ouvrages n'en seraient pas ? Larousse mentirait-il donc ? Messieurs les gestionnaires de dictionnaire se permettraient-ils donc de malmener la masse sociale pour ne produire que des mensonges traduits et imprimés des millions de fois ? 

Mais oui, évidemment !

Je me souviens encore de la réaction de certaines personnes de mon entourages quand j'ai dit que j'écrivais de la fantasy (mon tout premier essai de roman inachevé, puis le second achevé mais rangé dans un tiroir, à retravailler plus tard).
"Ah, tu écrivais de la fantasy ? C'est de la littérature ? "
Oui. C'en est.
"Ah oui mais moi j'aime pas".
Pourquoi ?
"Ben tu sais tous ces trucs qui existent pas, 'fin tu vois, l'écriture, le style, toussa, toussa..."
*regard qui flamboie*
Passez moi le bazooka !

Non, mais franchement. Il faut en avoir sacrément dans le ciboulot pour sortir des univers complètement créés de toute pièce avec une hiérarchie sociétale bien définie, cohérente, compréhensible, inspirée souvent des déviances de nos sociétés actuelles ou non, mais crédibles, potentiellement concevables. Qui plus est quand le monde est dépeint à coups de champ lexical que la plupart des profs de français envie ou convoite. Et là encore, il faudrait réduire cela à de la sous-littérature.
Personnellement, ily a des livres de blanche qui ne m'inspirent guère. Force est de constater que certains de ces auteurs bien vus du public - volontairement, je ne citerai pas de noms pour ne pas heurter les plus sensibles ) - et qui publient à la pelle des ouvrages insipides mais encensés par la critique. Quelqu'un ose-t-il dire que ce n'est pas de la littérature ? Non.
Mon "insipide" ne regarde que moi et moi seule. C'est mon avis de lectrice et c'est mon droit.
En revanche, jamais, je ne me permettrai de dire que ce n'est pas de la littérature. C'en est, au même titre que la littérature érotique, de gare ou autre.

Alors, cessons de nous tromper de cible. La cible, ce n'est pas la SFFF, c'est la méconnaissance du genre et les raccourcis - ô combien faciles - qui en découlent. Ce que l'on ne connait pas part automatiquement dans des registres tendance hors normes, voire dans une catégorisation "peu de valeurs, pas vendables, pas bankable".

Une question me vient cependant... Quand on voit que ces soit-disants livres n'appartenant pas à la catégorie littérature (vous voyez, on en revient encore à la "case", au "cadre", à la "catégorie") sont transposés au cinéma, ne crie-t-on pas victoire trop vite ?

Si.
La preuve quand on voit les résultats au box-office mais qu'on recense les lectures du genre ensuite.
Ceux qui sont passionnés par les films (je citerai les Twilight, Hunger Games, HP & SdA car je les ai lus/vus) ont généralement lu les livres. Parfois même, voir les films les pousse à se plonger dans les bouquins ensuite. Pari gagné pour ceux-là.
Mais les autres ?
Que nenni. Ils signent et persistent.
Regarder les films, oui. Lire les livres, non.


Postulat 2 : la SFFF c'est pour les geeks

Oui, accrochez-vous bien.
Evidemment que la SFFF c'est pour les geeks !
Non, mais franchement (oui je risque de vous la refaire souvent celle-là), vous vous écoutez parler des fois ? (ouh là, je parle comme une belge ^^ je cumule !).
Un geek, c'est quoi ?

Définition, svp.

Un geek est un mot de verlan anglais, du slang. Bien qu'il évolue encore considérablement aujourd'hui, puisque tout évolue, faut bien le dire, il définit quelqu'un qui est fort tourné vers la techonologie et principalement, les ordinateurs ou encore la sphère scientifique et les jeux vidéos de tout genre (surtout les MMO ou les jeux de stratégie). A priori le geek ancien est à différencier du geek nouveau.
Le geek ancien se limitait essentiellement à deux de ces critères (généralement, matheux et jeux vidéos ou scientifique/jeux vidéos). Aujourd'hui, il fait place au geek nouveau, càd, celui qui cumule tout ! Oui, madame ! Ça existe ! Meilleur exemple du geek par excellence, les personnages de la série - topissime qui plus est - Big Band theory.
Voilà m'dam Ginette, l'exemple-type du geek.

Or, ce sont des garçons. Force est de constater que cette définition se veut assez réductrice finalement car moi aussi je suis une geek. Eh oui ! Ca vous surprend ? Explications.
Mais oui ! Point de jalousie, mesdames, les geekettes, ça existe ! Et j'en connais pas mal ! J'en fais même partie !
Pourtant, démonstration par A+B qu'une fille peut être geekette et respecter plus ou moins (ouais, faut pas exagérer tout de même) les critères ci-dessus tout en aimant aussi la culture !

Critère 1 : Earane est une fille (oui, oui, je vous assure).
Critère 2 : Earane est bardée de diplôme (BAC + 3 en langues germaniques +  BAC + 5 en sciences psychologiques).
Critère 3 : Earane a fait un an d'informatique poussé (qu'elle a fui comme la peste, je n'aimais pas, les cours oui mais pas le reste) et a suivi des tas d'ateliers sur la programmation (ça vous embouche un coin, hein ?).
Critère 4 : Earane joue aux jeux vidéos depuis qu'elle sait parler (le commodore 64, les consoles, ...) comme Warcraft, WoW, Star Wars, Star Trek, Guildwars, CoD, bla bla bla... et en prime, pour couronner le tout, elle a un portable qui est une bombe (en fait, j'en ai deux). Ah oui, je joue aux sims aussi mais là, je suis nulle. J'ai même été à la Blizzcon y'a quelques années.



Je rajoute un dernière critère. J'ai quasi l'intégrale des bonnes séries de SF et j'adore me déguiser en lieutenant-commandeur de Star Trek. Si c'est pas malheureux tout de même ! 

Alors, geek ou pas geek ?

Pas vraiment, je ne respecte pas les critères obligatoires (savez, c'est comme le DSM en psycho, si on loupe un critère, on ne peut pas diagnostiquer, ici c'est pareil !). Et qui plus est, j'adore la culture, les musées, l'Egypte, sortir... On vous avait pas dit que les geeks sont des ermites ?
Diantre, je ne suis donc pas une geek ?
Ah ah !


Postulats 3 et 4 : la SFFF c'est pour les garçons / La littérature jeunesse, ouais, c'est pas du Balzac !


Mais c'est bien sûr !
D'ailleurs, quand on va voir l'adaptation d'un bouquin de SFFF, y'a que des garçons dans les salles.
Ah oui, mais bien entendu, faut éjecter du lot la bitt-litt, chick-litt et tous les films dont la romance est la thématique principale. Ca, c'est encore moins de la littérature !

Passons.

Pour les garçons, nous disions.

D'ailleurs, un récent article paru hier à l'occasion du salon de Montreuil, les journalistes - si tant est que l'on puisse les nommer ainsi - démontre que pour attirer le jeune, il faut réunir fantasy et quête initiatique.
Non contente de mettre tous les genres au même niveau (et à lire ses tournures, ce n'est guère positif), elle se permet de classer automatiquement les ouvragres en livres pour filles / livres pour les garçons.
Mais où va-t-on ma bonne dame ? Encore dans les "cases" et les "catégories" parce que tout, absolument tout, tourne autour de ça.

Percy Jackson, c'est pour les garçons, tout le monde le sait !
Et tant qu'on y est, La Belgariade aussi c'est pour les garçons ? La SF, c'est que pour les garçons ? Le SdA pareil ? Quand je vois la tête des filles qui ont hurlé à la vue de la BA du Hobbit second volet tandis que je faisais la queue pour aller voir Hunger Games en avant-première, je me dis que certains n'ont décidément rien compris.
Ou rien lu.
Ah ah mais oui, voilà le noeud du problème.
On vilipende ces jeunes qui lisent du Hunger Games, du Percy Jackson ou du cross-age, comme on le dit maintenant (oui, YA, c'est dépassé ^^), on se fende même du "oui mais ce n'est pas du Balzac". Ah oui, c'est sûr, mais cela n'enlève rien au style, à la richesse de ces livres. Quels qu'ils soient.
Qu'on aime ou qu'on aime pas, de qui se moque-t-on ?
Qui octroie le droit d'ainsi clouer au pilori, sur la place publique, les jeunes ? Et les autres ? Oui, parce que les autres aussi lisent cette littérature si atypique, si vaste !

La littérature jeunesse, c'est de la bonne littérature. Mangez-en ! Un livre de littérature jeunesse m'a en son temps fort marquée. Transcendée, bousculée, scotchée.
Michel Honaker et sa Sorcière de midi m'ont permis de m'ouvrir aux genres de l'imaginaire. Et pour aller encore plus loin, classé jeunesse pourtant, il a su conquérir ma maman, lecture très difficile.
C'est dire !
Pourtant, ma maman, tout comme moi, nous avons lu des grands classiques de la littérature française, des monstres sacrés.
Et j'ai eu la chance, dans ma vie scolaire, de découvrir de grands auteurs comme Boris Vian, Barbey D'Aurevilly, Victor Hugo, Camus et d'autres. Et j'étais dans cette même tranche 15-30.

Être jeune et lire de la SFFF ne sont pas des tares ni des critères d'exclusion. Que du contraire.
C'est l'environnement, les médias qui peuvent cultiver cette étonnante conclusion, si facile, si commune, si à propos, si convenue.

Convenue, c'est bien le terme. Car il est convenu que les garçons lisent de la baston et les filles de la romance. Non, je m'insurge. Je suis une fille et je préfère - et de loin - des livres de baston que la romance.

Et alors ? Je suis un garçon ? Non. Je ne me sens pas garçon, je suis bien une fille, qui plus est bien dans ma tête (enfin, je crois) et je pense faire savoir preuve de discernement pour ne pas m'arrêter à cette triste limite sectaire du fille-garçon pour choisir une lecture.


(Bon, il y a aura une troisième partie... la conclusion ! )

4 commentaires:

  1. "Ben tu sais tous ces trucs qui existent pas, 'fin tu vois, l'écriture, le style, toussa, toussa… »

    De toute façon, toute oeuvre artistique n’est qu’invention ;) Combien de fois ai-je décroché d’un roman de littérature blanche parce que je ne trouvais pas les personnages ou l’univers réalistes ?
    Après avoir longtemps caché ma geekitude, j’ai réalisé que souvent les personnes qui avaient des avis tranchés sur la SFFF étaient, malheureusement pour elles, peu cultivées… Du coup j’ai fait mon coming out geek ^^

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    1. Moi aussi ! D'ailleurs, avant de devenir une gameuse, je condamnais cette pratique. J'ai radicalement changé d'avis depuis et je dois dire que ça a d'ailleurs ouvert mes perspectives et mon horizon bien plus qu'avant !

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  2. Tu as raison, l'essentiel c'est de garder l'esprit ouvert et profiter du meilleur des deux mondes ;)

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